Des lancements-événements, le salon milanais Esxence, la Paris Perfume Week : les premiers mois de 2025 ont été riches en enseignements et ouvrent la voie à de nouvelles tendances, mais également des modes qui s’amplifient.
La facette gourmande toujours en vedette, mais avec des accents de fruits exotiques :
Mangue, banane, goyave, fruit de la passion : les créations aux accents gourmands ont toujours le vent en poupe, mais s’adonnent au voyage. Avec ces fruits exotiques en vedette, le sucré-collant est moins présent, mais les notes lactées, juteuses et acidulées donnent de la lumière plutôt que du caramel.
Bana Banana (L’Artisan Parfumeur – Céline Ellena) avait surpris lors de sa sortie, en 2019. Ses héritiers se nomment Hakuna Matata (27 87 – Rodrigo Flores-Roux) ou encore L’Explicite (Thoo – Cristian Calabrò).
Deux marques très en vogue auprès de la génération Z mènent la danse : Fruit de la passion avec Passionfroudh (Fugazzi – Ilias Ermenidis), dont le stand à Esxence ressemblait à un étal de primeur, goyave avec Éclat Exotique (Francesca Dell’Oro – Marine Ipert) ; la marque coréenne BornToStandOut vient de lancer des créations autour de la Mangue (Black Mango – Violaine Collas) et de la Goyave (Black Guava – Suzy Le Helley) un fruit sucré-acide également mis en odeur par la marque américaine Eris Parfums avec Delta of Venus en 2023 (Antoine Lie).
Les épices restent très présentes, tout particulièrement avec le poivre utilisé pour créer des facettes très marquées, par exemple avec les notes pamplemousse du Timut dans Cacao Timur (Closerie des Parfums – Céline Perdriel) ou dans le précieux 403 Myrrh Shadow (Bon Parfumeur – Quentin Bisch et Amélie Jacquin). Le duo Poivre noir – Baie rose pimpe, lui, la rondeur de Vanille Carbone (Atelier Materi – Natalie Gracia-Cetto). Travaillés en bouquet chaud-froid, avec la Cardamome, le Cumin et le Safran, comme dans Crème Ébène (Nicolaï – Patricia de Nicolaï), ils apportent une évolution olfactive en 3D pleine de peps. La Closerie des Parfums accorde également les notes chocolatées au piment dans Cacao Pimento, déjà mises en avant il y a quelques mois avec Scoville (Obvious – Patrice Revillard).
Le Cacao, vous l’aurez compris, est également une matière première qui monte. La Closerie des Parfums (voir plus haut) le célèbre dans ses deux dernières créations, et Anatole Lebreton, avec Duende, lui donne une intonation ultra sensuelle qui interpelle : conjugué avec un Oud fidèle à ses notes brutes et animales, le cocktail est explosif !
La niche se “regenre” en proposant des parfums très marqués dans leur identité olfactive, tels qu’on pouvait les identifier par le passé : ainsi, beaucoup de fleuris charnels arrivent sur le marché, très fleurs blanches, avec en vedette la tubéreuse de Neela Vermeire baptisée Eshal (Bertrand Duchaufour), Milano Fragranze avec Neon Lights (Nathalie Feisthauer), Pigmentarium avec Brutal (Theo Belmas), L’Entropiste avec Jodhpur 6am (Bertrand Duchaufour et Alexandra Mettetal).
Il y a également un courant Fougère qui pointe le bout de son nez, à l’image du mainstream, sans être forcément assumé (peut-être trop marqué XXe siècle) et plutôt rangé dans les Boisés ou les Aromatiques. Beaucoup de parfums sont en tout cas construits autour de l’esprit de cet accord – Lavande, Géranium, Vétiver, Mousse de chêne (aujourd’hui Evernyl), Coumarine – avec des facettes fleuries ou boisées leur donnant une évolution très moderne. Comme par exemple avec Haute Montagne (Nissaba) ou Ajedrez (Frassai – Ralf Schwieger).
Toujours plus fort, en tout cas dans la promesse et dans les mots : les Extraits de parfums déjà existants continuent d’être lancés, créant au sein de la parfumerie confidentielle des quasi flankers. Matière Première a été le premier à se lancer, mais à Esxence, on pouvait trouver le futur Extrait de Shamanism (Spiritum – Philippe Paparella-Paris). Parfois promettant une tenue encore plus forte, avec une concentration dépassant allègrement les traditionnels 30%, comme BornToStandOut avec ses Extraits Extrêmes entre 50% et 60%. Même les Hespéridés se lancent dans le jeu, avec des eaux fraiches qui tiennent bien plus longtemps qu’un splash traditionnel avec l’Eau Folle (Le Galion – Julien Rasquinet), Les dieux aux bains (Hellenist – Pierre Gueros) ou Mandi Rhubi (Isabelle Larignon).
Et comme souvent, une tendance ouvre souvent la porte à un courant contraire, offrant une alternative, voire un moyen de se singulariser… ce qui est, à la base, le credo de la parfumerie confidentielle. Si Tits (OhTop – Marion Costero) s’amuse à titiller les âmes pudiques avec le visuel qui l’accompagne, c’est un parfum qui appelle au contraire à l’éveil des sens, une douceur jouant sur les notes fleuries, poudrées et musquées. Tonka Latte (Dusita Paris – Pissara Umavijani) est lui le “doudou” parfait, tendrement et délicatement gourmand.
Et vous, avez-vous déjà craqué pour l’une de ces nouvelles tendances ?